Fuji-san
De Nara il y a beaucoup a dire. Des daims gambadent autour des temples, semi sauvages semi domestiques, ce qui signifie que les enfants et les grands meres doivent prendre garde en leur donnant des biscuits. Pour ma part, j'ai failli charger une venerable pour recuperer a temps la salade qu'elle sortait avec difficulte de son sac, harcelee par des cervides fin connaisseurs d'herbes fraiches. Il fallait faire vite, et j'avais repere l'affaire trop tard . La chlorophyle nous manque ? Sans doute, et le soleil n'est pas au rendez -vous sur les campagnes sombres et grises.
Il y a aussi des temples, dont deux records prestigieux, un a juste titre, l'autre fallacieux. Au premier chef, le bouddha gigantesque, plus grande statue de bronze au monde abritee par la plus vaste structure en bois au monde. Ca fait pas mal, et meme les touristes nombreux malgre le jour maussade passent inapercus au pied de temps de grandeur. Second record : le plus vieux batiment en bois au monde. Il etait juste qu'avec dans la famille un eminent specialiste de la conservation du bois d'art et d'antiquite, et un batisseur autodidacte et genial en passe d'achever son premier chef d'oeuvre, et nous-meme xylophiles, nous fassions un detour. Comme le dira pourtant Claire, ce n'est pas pour rien que ce record a ete atteint. Tout est si bien conserve... Reste que les temples sont fantastiques et les tresors prodigieux.
Le jour du depart, le temps se leve. Tant mieux, nous pourrons peut-etre profiter ainsi du FUJI dans les meilleures conditions. Helas, souvent temps varie, n'est-ce pas ? Et c'est seulement le sommet qui apparait timidement dans les nuages. Nous aurons donc surtout remarque les cerisiers magnifiquement fleuris alors que dans la plaine les petales s'envolent. C'est que les temperatures les preservent encore d'un sort aussi funeste. La neige sur les bords des chemins nous le rappelle.
Quelqu'un attend l'ordinateur alors j'abrege : un anglais bien entedu. Ennemis eternels ! (je suis en plein dans les Trois mousquetaires et ma foi je defie quiconque de s'etonner d'une lecture si insolite au pays des samourais). Quoi ? J'abrege, bien sur, mais diantre c7est vous que j'abregerai monsieur si vous ne me laissez point finir comme il me plait, et au rythme qui me convient. Car tel est mon bon plaisir.
Diable, j7ai pourtant tant a dire... Il me faut bien parler du vieux de l'auberge, qui reserve a ses hotes un accueil aussi froid que l'air ambiant. Comment passer sous silence notre miserable repas aupres du poele implore, dans un refectoire desert, chasse bientot par notre hote avare de son fuel... Et j'en passe : la musique heroique qui nous reveille 7h30 et qui me donnerait bien a moi l7envie de quelque coup d'eclat dont l'aubergiste pourrait etre la victime... Mais j'en passe, j'en passe bien sur.
Le Fuji est sensationnel. Nous voila reconcilie avec le Japon, et la neige (presque) et tout et tout. C'est un spectacle, au dela du kitchissime dont Claire ne vous epargne pas quelques photos. Mais j'en ai deja trop dit et j'entends un anglais qui toussote dans mon dos et auquel il faut que j'apprenne la patience. Aussi, pardonnez moi de ne pas vous parler de Tokyo et du capsule hotel ou nous sommes parvenus.